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Rose

Ryan Gander, You walk into a space, any space, Or, Poor little girl beaten by the game, 2009 Installation (sculpture en bronze, socle, 72 formes géométriques) Dimensions variables Zabludowicz Collection, Londres

Etel Adnan / Ulla von Brandenburg / Guy de Cointet / Ryan Gander / Joseph Grigely / Daniel Linehan / Jean-Luc Moulène

Exposition - Centre d'art

  • Vernissage : 13.03.2014
  • Date de début : 14.03.2014
  • Date de fin : 25.05.2014

«En ce temps là le monde était rond et on pouvait tourner tout autour en rond et en rond.»

Gertrude Stein, Le Monde est rond, 1939

 

Rose est le personnage principal du livre Le Monde est rond de Gertrude Stein (1874 – 1946), texte emblématique de son œuvre, publié pour la première fois en 1939. Dans ce livre composé pour être lu à voix haute, Gertrude Stein donne la pleine mesure de son écriture – répétitive, musicale et poétique. Mécène et porte-parole du cubisme, elle en a assimilé l’esprit dans ce livre destiné à l’origine aux enfants qui devint rapidement un des textes majeurs de l’avant-garde. Le Monde est rond est ainsi un des premiers, et peut-être même, le seul texte cubiste pour enfants.

Dans une sorte de présent continu et indéterminé, Rose découvre le monde avec une simplicité d’enfant curieuse. À la recherche d’une identité stable dans un monde qui ne l’est pas, elle voyage, contemple le jour, la nuit, chante et pleure en compagnie de son chien Amour, de son cousin Willie et de son lion Billie. Tout tient dans les déplacements et les variations de formes et d’éléments simples : un lion, une montagne, une chaise bleue, une prairie verte. Le récit repose ainsi sur quelques événements ponctués de chansons ou de comptines où les jeux de sons et de sens sont omniprésents.

La répétition des mots – thème récurrent et essentiel dans l’œuvre de Gertrude Stein en tant qu’objet de réflexion, mais aussi en tant que mode d’écriture – amène à une compréhension intuitive du monde de Rose. Le texte s’enroule autour du sujet et donne rythme et couleurs aux mots. Le style, volontairement austère et dépouillé mais non dénué d’humour, vise à l’essentiel, et la répétition y est utilisée avec des variations progressives qui encerclent les mots et les phrases afin de mieux en approcher la vérité.

Premier volet de la trilogie d’expositions imaginée pour le CEAAC, Rose réunit des œuvres dont les formes pour la plupart héritées de l’art minimal et conceptuel semblent pourtant chargées d’affects et de sentiments. Des pratiques qui, en écho à l’écriture de Gertrude Stein, tendent à capturer l’essence de leurs sujets avec le minimum d’éléments possibles mais dont la simplicité apparente se charge d’une multiplicité de sens et d’interprétations. L’exposition réunit par ailleurs des artistes dont la recherche sur les formes et le langage, les moyens et les outils de représentation, passent par un usage des objets comme mots et des mots comme images, de leur mise en page et mise en bouche à leur mise en espace.

Représenter les changements continuels de perception d’une montagne en quelques aplats de couleurs pures (Etel Adnan), faire jouer une danseuse de Degas au sein d’éléments géométriques colorés inspirés du Bauhaus (Ryan Gander), inscrire son corps dans le paysage jusqu’à l’épouser complètement (Barbara et Michael Leisgen), traiter les mots comme des images et inversement (Guy de Cointet, Joseph Grigely), décomposer les couleurs d’un paysage romantique à l’aide de bandes de tissus (Ulla von Brandenburg), tourner sur soi-même en scandant un texte jusqu’à l’épuisement (Daniel Linehan) ou proposer « une sorte de hiéroglyphe de la vision »  (Jean-Luc Moulène) sont certains des gestes que l’on pourra croiser dans cette exposition.