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Effets secondaires

Graciela Sacco, Bocanada, 2015, série de 12 affiches couleurs, 70 x 50 cm, 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine © M. & C. Garavelli Sacco.

Franziska Furter, Airborne, 2007, polystyrène, bois, colle, peinture, dimensions variables (100 x 250 x 250 cm environ), Frac Alsace © Franziska Furter.

Au premier plan : Madeleine Berkhemer, Red – Yellow – Blue, 2001, tissus, collants de nylon, rembourrage, dimensions variables, 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine © M. Berkhemer.

Au premier plan : Madeleine Berkhemer, Red – Yellow – Blue, 2001, tissus, collants de nylon, rembourrage, dimensions variables, 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine © M. Berkhemer.

À gauche : Graciela Sacco, Bocanada, 2015, 12 affiches couleurs, 70 x 50 cm, 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine © M. & C. Garavelli Sacco.

Au premier plan : Nick Mauss, Printed, 2010, impressions sur chaises en bois, 84 x 115 x 86 cm, Frac Champagne-Ardenne © Nick Mauss. Au second plan : Graciela Sacco, Bocanada, 2015, 12 affiches couleurs, 70 x 50 cm, 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine © M. & C. Garavelli Sacco.

À gauche : Graciela Sacco, Bocanada, 2015, 12 affiches couleurs, 70 x 50 cm, 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine © M. & C. Garavelli Sacco.

Alicia Framis, Murmurs, 2000, mur, papiers, encre sympathique, dimensions variables, 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine © A. Framis / Adagp, Paris.

Mélodie Mousset, Impulsive Control, 2012, vidéo, couleur, sonore, 22’28, Frac Alsace © Mélodie Mousset

Franziska Furter, Airborne, 2007, polystyrène, bois, colle, peinture, dimensions variables (100 x 250 x 250 cm environ), Frac Alsace © Franziska Furter.

Vernissage : 15.03.19 > 18h30

 

L’exposition Effets Secondaires traite de la contagion en tant que phénomène de propagation incontrôlable, en s’attachant à sa façon de se déployer non seulement dans le temps mais également de l’individu vers le collectif.

La contagion évoque la maladie comme élément de transmission par contact direct de corps à corps. Dans l’exposition, les fluides sont vecteurs de contamination, notamment corporels, apparaissant sous la forme de taches d’encre échangées lors d’étreintes ambiguës dans les dessins d’Isabelle Lévénez ainsi que dans la coulure en étain de Michel François. La sculpture de Franziska Furter, à travers ses formes d’oursins, sortes de virus tangibles, matérialise la transmission virale tandis que l’installation organique et proliférante de Madeleine Berkhemer se déploie dans l’espace.

Par extension, la notion de contagion s’applique également au domaine de l’informatique puisqu’est désigné comme “viral” tout mécanisme de propagation fulgurante des images et des informations. L’œuvre d’Allan McCollum illustre ce phénomène par l’intermédiaire d’un système informatisé grâce auquel un motif peut en engendrer des milliards. Pascal Bernier s’approprie ce processus de reproduction en diffusant son œuvre vidéo à la manière des snuff movies, films macabres clandestins.

Au quotidien, la contagion des idées et des émotions affecte nos comportements et participe à la construction d’identités collectives. Dans cette optique, Saâdane Afif invite le spectateur à emporter et s’approprier des fragments de ses voyages. La contagion peut aussi mener à des actions et revendications sociales et activistes. C’est ainsi que Teresa Margolles, dans une vidéo à la gestuelle puissante, dénonce les injustices sociales qui persistent jusque dans la mort au Mexique. Dans une performance publique, restituée par constat photographique, Cecilia Vicuña provoque une transmission émotionnelle collective et critique une quête de profits aux conséquences mortelles. En se saisissant du médium de l’affiche Graciela Sacco et Ruth Ewan prennent le spectateur à témoin en réactualisant des images engagées et des slogans passés.

L’effet de contagion, tel qu’il s’exerce sur le plan physiologique ou politique, se manifeste également dans la récurrence des motifs, des figures et des gestes qui constituent les œuvres d’art elles-mêmes. Ces résurgences et ces déplacements d’images, qui puisent leur origine dans l’histoire de l’art ou dans l’imaginaire collectif, s’opèrent consciemment ou non, et contaminent nos esprits. Les sculptures de Mélodie Mousset rappellent les formes des vases antiques, la vidéo de Teresa Margolles une statue grecque en contrapposto, tandis que Barbara et Michael Leisgen réactualisent le mythe d’Ophélie en l’insérant dans un contexte écologique. Myriam Mihindou, quant à elle, convoque des images christiques dans sa composition photographique. Mais au-delà de ces traces mnésiques, qui sont issues d’une propagation des motifs dans le temps, la contagion provoque également des marques sur les corps et la matière. Que cette manifestation soit un stigmate, une empreinte ou une souillure, elle témoigne d’une contamination, elle en est l’effet secondaire, le symptôme. L’œuvre de Nick Mauss est couverte de traînées noires perçues comme les résidus d’un échange émotionnel entre des individus. De même, le mur d’Alicia Framis prend tout son sens grâce aux gestes des visiteurs qui lui confient leurs secrets.

Cette exposition souhaite ainsi mettre en lumière la contagion virale, la contagion politique et la résurgence des images comme des phénomènes complexes qui s’emparent des corps, de l’espace mais aussi des gestes et des images. À la manière d’un effet secondaire, les œuvres exposées peuvent à la fois activer un phénomène de contagion ou en être le miroir. Elles sous-tendent l’idée d’une dualité, entre vie et mort, sacré et profane, restriction et liberté, à l’image de la notion de pharmakon qui désigne à la fois remède et poison. Ainsi enchevêtrées au fil de l’exposition, ces notions sont autant de voies ouvertes au spectateur pour explorer les multiples ramifications du phénomène de contagion.

 


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