Il ne faut pas en vouloir aux événements.
Ces huit mots d’une simplicité lapidaire, dérobés à l’empereur romain Marc Aurèle – mais dont l’origine exacte demeure confuse – circonscrivent une intuition, un pressentiment. L’abondance d’informations et la richesse de connaissances auxquelles nous avons accès s’accompagnent d’une sensation d’émiettement frénétique, d’accélération et de saturation épuisantes. L’époque que nous traversons est certes éblouissante, mais aussi décourageante, voire absurde, pour qui espérerait y apercevoir un horizon.
Or, les « événements » dont il est question sont des surfaces visibles : ils recouvrent un enchevêtrement vertigineux de faits simples. Peut-être s’agit-il, alors, d’aller au-delà des images, des formes et des effets pour chercher, non pas seulement ce qu’ils montrent, mais ce qu’ils sous-tendent. Ceci appelle une attention particulière à la façon dont nous percevons et habitons le monde. Et ce que celle-ci révèle de nous et en nous.
À l’image de cette recherche, l’exposition esquisse un parcours à l’aspect fragmenté et discontinu – une déambulation oblique, dans laquelle la divagation est délibérée. Les accords et les contradictions qui s’établissent entre les œuvres, leurs esquives ou collisions, pourront faire surgir des sens nouveaux, qui ne sauraient se résoudre à la somme mathématique des parties. Reste le manque, la part non élucidée qui échappe et résiste à l’énonciation et dont chacune des propositions se fait témoin.
Jury et commissaires : T.Charpentier, P. Felix-Geoffray, E. Gallina, R. Görgen, M. Rouchet, G. Wagner