Lorsque je suis venue à Strasbourg en 2019, je m’étais préparée pour ce séjour de trois mois, arrivant avec une grande curiosité et le souvenir que j’avais de cette ville. Quelques années auparavant, j’avais réalisé une oeuvre directement liée à la cathédrale de Strasbourg, en l’admirant à près de 2000km de distance. Désormais, il ne reste que 2 heures entre nous, une frontière ouverte et puis le Rhin.
Pendant ma résidence, plusieurs oeuvres ont été créées et d’autres ont été complétées par des performances en série. L’une de ces performances que je répétais chaque semaine, parmi d’autres, était de traverser la frontière. Au total, je l’ai franchie à plus de 24 reprises sans jamais avoir à présenter mon passeport, ceci générant à chaque fois une auto-production d’endorphines, de dopamine et de sérotonine – garant du sentiment heureux.
Les lieux-frontières me fascinent en tant qu’espaces liminaux au potentiel transformateur, mais aussi en tant que mur anti-intrusion, pour ce citer que deux de leurs attributs.
(…) L’exposition Smiling in slow motion est étroitement liée à la publication éponyme qui l’accompagne, venant la compléter avec la répétition comme méthode et doublant ma nouvelle version de la réalité (« Wirklichkeit »).
Le langage représente dans les deux cas un élément de lien et d’approche. En étant étranger, il peut même avoir un rôle exclusif. Le langage comme outil de communication. Comment entrer en contact avec quelqu’un ou entretenir une relation ?
Les drapeaux intitulés BFF – best friends forever – ne sont pas seulement programmés pour s’animer de temps en temps dans un mouvement régulier, ils reflètent également les affiliations personnelles de l’artiste, racontent une histoire mêlant son passé et son présent. L’oeuvre se compose de deux éléments, deux tissus suspendus cousus à partir de trois drapeaux nationaux (allemand, français et roumain) selon la technique du patchwork. Ils ont été découpés en carrés puis réunis en une nouvelle constellation, suivant une certaine théorie des couleurs. À heures pile, ils sont automatiquement activés pour une minute de danse de couple. Le mouvement des deux drapeaux nous conduit alors à une variété symbolique, une convivialité festive.
Note (traduite) de l’artiste, 2020
Ce projet d’exposition fait suite à la résidence d’Oana Vainer à Stuttgart en 2019, en partenariat avec l’Institut Français de Stuttgart et Kunststiftung Baden-Württemberg. Prolongeant l’exposition, l’ouvrage éponyme Smiling in slow motion, co-édité par le CEAAC et l’Institut Français de Stuttgart, paraîtra en février 2020.