Anna, the Jester et les monstroplantes

Commissaire : Alice Motard

Célébrant les 10 ans du programme d’échange Strasbourg <> Prague en partenariat avec la MeetFactory et l’Institut français de Prague, cette double exposition d’Anna Hulačová et Julie Béna (nées en 1984 et 1982, vivent et travaillent à Klučov et Prague) se présente sous la forme d’une fable écologique dystopique.

L’une est tchèque, l’autre française, toutes deux vivent et travaillent à Prague (ou pas très loin) et mènent une carrière artistique internationale.

Anna Hulačová réalise des sculptures figuratives en combinant matériaux naturels (argile, paille, cire, etc.) et industriels (béton, métal) qui représentent fréquemment des créatures hybrides aux divers attributs dont les références vont du folklore tchèque à l’architecture brutaliste. Son travail prend pour point de départ ses préoccupations écologiques et témoignent de sa connaissance aiguë de ce que des phénomènes comme la collectivisation et l’industrialisation des terres font au paysage. Julie Béna quant à elle réalise des performances tragico-burlesques dans lesquelles elle incarne des avatars que l’on retrouve dans ses films et ses installations associant objets et textes.

Dans l’exposition, Julie Béna présente une série de trois films d’animation au sein desquels un personnage fictionnel portant collerette et tricorne, sorte de fou du roi surnommé le Jester (« bouffon » en anglais) qui n’est autre que son alter ego, évolue dans des mondes parallèles où il se confronte à des sujets aussi vastes que ceux de la transparence, la mort, ou l’écologie. Sur écrans plats ou projetés, ces vidéos 3D au message décalé, se mêlent aux personnages mystérieux d’Anna Hulačová qui peuplent des scénettes futuristes de la vie rurale dans lesquelles l’artiste remet notamment en question les pratiques agricoles intensives en soulignant leur impact sur l’environnement et la biodiversité.

Du dialogue fécond entre deux pratiques, qui embrassent le vernaculaire, dans ses formes et dans ses préoccupations pour l’une (Anna Hulačová) et dans ses modes de récit et d’adresse aux publics pour l’autre (Julie Béna), émerge une drôle de fable dystopique sur fond de crise écologique.

L’exposition bénéficie du généreux soutien du ministère de la Culture tchèque.