Il bosco guarda e ascolta
Claudio Parmiggiani
1990
Bronze et végétation naturelle
7 éléments de 110 cm aujourd’hui (15 éléments avant la tempête de 1999)
Parc de Pourtalès, Strasbourg
Tandis que l’homme a pour habitude de sacraliser la nature en la regardant et en l’écoutant, Claudio Parmiggiani nous donne à la voir différemment. Désormais c’est elle qui nous observe…
Ici, la nature est pourvue d’oreilles et d’yeux anthropomorphes, ce qui explique le nom conféré à l’œuvre : Il bosco guarda e ascolta (la forêt regarde et écoute).
Comme souvent dans le travail de Parmiggiani, son œuvre est aussi composite qu’ hybride, elle mêle des éléments naturels, comme les stigmates de chutes et de coupe de branches, qui forment sur l’écorce des cerneaux semblables à d’étranges yeux, et des éléments humains, telles ces oreilles de bronze qui viennent se conjuguer aux yeux sur ces (h)êtres.
Les oreilles sculptées nous rappellent peut-être l’oreille coupée de Van Gogh, mais elles sont surtout une reproduction agrandie d’un modèle de sculpture antique.
La force de son caractère onirique donne à l’œuvre une forme de vraisemblance, de possible, à la frontière du rêve et de la conscience éveillée. Ces formes singulières et anatomiques nous laissent le sentiment d’un imaginaire assumé, fondu avec la réalité au propre comme au figuré. Les années faisant, l’œuvre s’enracine lentement et fait corps avec la végétation. Symbole fort de l’expression du désir, l’oreille naît de la racine végétale accompagnant l’arbre à travers le temps. L’œuvre s’impose alors comme une figure accomplie, une greffe réussie témoignant de cette union entre l’être et l’Hêtre…
« J’ai voulu croire que dans cette forêt, c’était les voix et les regards silencieux et hypnotiques de la nature qui pouvaient communiquer avec nous, dans une langue transmentale, la langue de la sensibilité, la seule à travers laquelle nous puissions aspirer à la communication. » C. P.