Axel Gouala a bénéficié de la résidence à la MeetFactory de Prague à l’automne 2015
Sculpteur, pratiquant également le dessin et la gravure, Axel Gouala expérimente les modes selon lesquels de l’espace s’écarte, se creuse, s’excave, s’élargit, se ramifie, se densifie ou s’approfondit. Ces opérations obstinément réitérées se font le plus souvent à partir de prélèvements de la nature élémentaire : eau – vagues – et terre – montagnes. Avec des allusions aux torsades du feu – dans les torsions enchevêtrées des racines, les vrilles des crêtes de vague – et le vaporeux de l’air – dans l’évanescence de l’écume, la légèreté des plumes.
Ce sont ces morceaux détachés, sommets soustraits à leur base, vagues isolées, qui mettent en évidence l’espace que ces morceaux espacent : dégagent, mettent en champ-libre, en ouverture inédites. La vague n’est pas dans la mer ; la montagne n’est pas dans la chaine. De même, les ensembles « naturels » que notre regard spontanément unifie ne sont pas dans le vaste espace du monde. L’espace, autrement dit, n’est pas un contenant recevant indifféremment ce qui l’occupe, mais s’ouvre à partir de ce qui ordonne le proche et le lointain, la mesure d’une distance ou d’une grandeur.
Lorsque, par exemple, Axel Gouala, déjoue la logique hiérarchique de l’élévation en mettant à raz de terre le mouvement puissant de la croissance (Colonne) ; ou encore, lorsque, il juxtapose la croissance lente de l’os et la croissance si éphémère d’une vague dans un entrechoc spatial (Onda/Os), il montre à chaque fois l’espace en train de s’espacer.
Les coordonnées spatiales sont données, ces œuvres le font diversement voir, à partir d’un geste, qui est indistinctement plastique et mental. Ce geste montre, mais aussi effectue, qu’un paysage vient d’un corps, qui n’en maitrise pas la construction, mais dont l’engagement singulier décide de l’orientation.
Sandrine Israel-Jost,
Docteur en philosophie, professeur théoricienne à la HEAR Strasbourg