Le projet digital art conservation est né de la volonté d’exploiter l’expérience en matière de conservation d’art numérique acquise dans la région du Rhin supérieur et de la partager au niveau régional, tout en constituant aussi la base d’une contribution au débat international sur la conservation de l’art numérique. Ce projet de trois ans est cofinancé par le programme européen INTERREG IV Rhin supérieur.
Grâce à des institutions telles que le ZKM | Centre d’Art et de Technologie des Médias Karlsruhe, Haus für Elektronische Künste de Bâle et l’Espace Multimédia Gantner à Bourogne en Franche-Comté, qui se consacrent presque exclusivement aux nouveaux médias, de même qu’à des collections publiques et privées importantes établies dans le Bade-Wurtemberg, en Alsace et dans la Regio Balisensis (grande région de Bâle), la région du Rhin supérieur jouit d’une richesse unique en matière d’art numérique. Qui plus est, du fait de programmes généreux pour les artistes résidents au ZKM | Centre d’Art et de Technologie des Médias et de grands festivals tels que Ososphère à Strasbourg ou Shift à Bâle, la région est devenue un haut lieu de production d’art numérique.
L’objectif de la première phase du projet est de répertorier les collections d’art numérique de la région et d’établir des liens plus solides entre les acteurs locaux dans la production, la gestion et la conservation de l’art numérique.
Au cours de la deuxième phase, digital art conservation s’est fixé pour objectif de contribuer au débat international sur la conservation de l’art numérique en s’appuyant sur son éminent corpus et sur le fait que les institutions susnommées sont confrontées quotidiennement à la préservation et à la présentation d’œuvres d’art numérique.
Les débats récents dans ce domaine (cf. les contributions de variable media network, IMAP, DOCAM et PACKED entre autres) ont engendré l’énonciation d’un nouveau cadre théorique ainsi que de nouvelles méthodes de conservation. Ce débat s’articule autour de la thèse qui prévaut jusque-là et qui induit qu’un point de départ conceptuel et les effets physiques de l’art numérique définissait cet art et non pas ses composantes matérielles originelles. Par le biais d’études de cas de conservation, de deux conférences d’experts internationales, d’une exposition itinérante et d’une publication spécialisée, digital art conservation poursuivra la discussion à l’échelle internationale en se concentrant sur la question de l’éthique.
La participation de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et de la Haute école des arts de Berne constitue le pôle enseignement du projet. Des ateliers suivront des études de cas de restauration et en parallèle du projet, les deux instituts supérieurs des arts esquisseront ensemble la trame d’un master européen pour la conservation d’art numérique.
Dix études des cas ont été executées pendant la durée du projet. Les oeuvres d’art qui serviront de base pour les études de cas font partie des collections des partenaires Espace Multimédia Gantner, plug.in et ZKM | Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe. En outre, des oeuvres des collections du FRAC Alsace et du Musée Art Moderne et Contemporain de Strasbourg seront étudiées, sous la supervision de l’institution partenaire Vidéo Les Beaux Jours, Strasbourg.
Avec cette séléction d’oeuvres une large fourchette de questions avec lesquelles les conservateurs d’art des nouveaux médias sont confrontés seront abordées. Arnaud Obermann (ZKM) coordinera l’execution des études de cas.
Les résultats des études de cas ont été présentés au public sous la forme d’une exposition itinérante : d’abord installée au ZKM | Zentrum für Kunst und Medientechnologie Karlsruhe, puis à l’Espace multimédia gantner à Bourogne, elle sera enfin présentée au CEAAC.
Accompagnées d’une « zone de documentation » présentée à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, ce sont 10 oeuvres qui seront montrées au public :
– Jodi, OSS••••, 1999
– Antoine Schmitt, Still Living, 2006
– Hervé Graumann, Raoul Pictor, 1997
– Sam Rousseau, Ohne Titel, 2003
– Nicolas Moulin, Viderparis, 2002
– Marc Lee, TV Bot 1.0, 2004
– Herbert W. Franke, several works, 1979-1992
– Michael Naimark, Karlsruhe Movie Map, 1991/2009
– Nam June Paik, Internet Dream, 1994
– Jeffrey Shaw, The Legible City, 1988-91.