Le CEAAC a développé un réseau de partenaires internationaux qui conduit chaque année à l’accueil et à l’envoi d’artistes en résidence. Il dispose également d’un espace d’exposition dédié à la présentation du travail des artistes qui participent à ces programmes d’échanges.
Cette double exposition présente les deux artistes ayant bénéficié du programme de résidence à Berlin en 2014.
Waste Paper for the Blind
Elena Costelian a bénéficié du programme de résidence à Berlin à l’automne 2014.
Waste Paper or the Blind est un projet d’édition créé pendant une résidence de création à Berlin avec le Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines (CEAAC). Ville cosmopolite, Berlin est devenue de par sa conjoncture économique et historique, une sorte de nouveau monde, une terre promise brassant différentes langues. Le projet, au titre ambigu, est ouvert à toutes les interprétations, à une époque où notre quotidien est envahi par des images et des slogans politiques ou publicitaires qui se veulent bienveillants, Waste Paper for the Blind montre comment des groupes aux idéologies opposées peuvent s’approprier ces mêmes slogans.
Le projet se compose de 115 posters au format A3, sur lesquels sont inscrits en allemand, anglais et français, des slogans, formules ou simples expressions du quotidien que j’ai collectés dans les journaux nationaux ou internationaux, mais aussi dans l’espace public ou lors de conversations qui ont eu lieu durant ma résidence.
Le processus de création s’étend au-delà de la forme éditoriale, par la mise en place d’un protocole où le public est invité à interagir par une ré-appropriation de ces slogans, en les postant dans l’espace public afin de les re-contextualiser, créant ainsi une oeuvre collective.
Ces fichiers au format standard sont envoyés par mail aux participants du projet. Par la suite, j’invite ces mêmes participants à poster les photos de leurs interventions sur le compte twitter Waste paper for the Blind créé à cet effet, créant ainsi une intallation participative connectant différentes villes dans le monde notamment Paris, Berlin, New-York.
Pour l’exposition visible au CEAAC, Waste paper for the Blind est présentée sous la forme d’une installation qui fait référence au papier peint et questionne ainsi ces slogans qui se confondent tel
un décor dans notre quotidien au détriment de leur sens. Pendant la durée de l’exposition, le public est invité à intervenir dans l’espace en s’exprimant sur les murs.
Les commensales
François Génot a bénéficié du programme de résidence à Berlin à l’été 2014.
Au fond des rues, à raz du sol dans les coins de murs, derrière les grilles, on trouve des restes, les déchets d’une société. C’est là aussi que jaillissent des plantes pionnières et invasives, s’octroyant l’espace abandonné pour un temps par nos usages d’hommes, et montrant leur dynamique ardente. Approcher les marges par le filtre du végétal, considérer ces zones comme des paysages à part entière, donne à voir un mariage, une hybridation de mondes et de matières. En procédant à la collecte empirique d’éléments divers et à l’expérience du terrain, François Génot met en lumière ces cohabitations discrètes. La nature sauvage mange à la même table que l’homme, le millefeuille des traces et indices du passage humain résonne en présence de l’ailante, du robinier ou de la verge du Canada.
Nos habitudes, nos institutions façonnent notre regard et «spécialisent» nos attentions. Un paysage typique, quel qu’il soit, entretient des formes convenues qui nous empêchent d’appréhender la multiplicité des êtres et des choses qui le composent.
Alors comment représenter «l’esprit» d’un tel paysage et questionner la cohabitation entre l’homme et la nature ?
Les commensales, c’est la tentative d’élaborer un langage, une écriture nouvelle fonctionnant par strates et échos, un dialogue entre les formes et les matériaux. Ce projet emprunt de l’esprit de l’expérience est une manière de questionner la représentation d’un paysage en allant au delà ou en deçà des apparences.
C’est un herbier personnel déployé dans l’espace, une suggestion d’autres mondes, l’ensemble formant une emprunte du lieu, une mémoire, une cartographie. Les bases d’un atlas savant réinventé.