Exposition présentée dans le cadre des échanges d’artistes avec l’International Art Studio Korea du Musée d’art contemporain de Séoul. Nathalie Savey est partie en résidence à Séoul de septembre à décembre 2012. Deok Yeoung Gim a été accueilli en résidence à Strasbourg d’avril à juin 2013.
Nathalie Savey
Je présente sept photographies en noir et blanc au format de 80 x 80 cm, une vidéo intitulée Two faces et des cartes postales sonores réalisées en partenariat avec Radio en Construction.
Ce travail photographique a été réalisé dans le parc de Buckhansan prés de Séoul, dans la montagne sacrée de Gyerongsan et près des cascades de l’île de Jeju.
La nature est mon atelier et marcher est ma condition pour créer. Mes éléments sont le vent, la lumière, les pierres, l’eau, les ombres. Je cherche dans le désir du proche, les limites du lointain. Je photographie lorsque je vois un horizon imaginé se former à partir de ce que je cadre.
J’ai été très tôt attirée par l’art d’Extrême-Orient. Je suis partie, nourrie des lectures d’Augustin Berque, François Cheng, Roger Caillois, Gaston Bachelard, Alain Roger, Michel Collot, Philippe Jaccottet, Tanizaki Junichiro, Gao Xingjian, Yi Mungyol, Hwang Sok-Yong etc… et d’un voyage réalisé en 2005 au Japon. De mon expérience de la marche dans ces montagnes, j’ai trouvé un écho à ce que je ressens dans la nature, ce lien entre la terre et le ciel que l’homme établit. Je l’ai ressenti en suivant le vent qui faisait vibrer la lumière sur l’eau, en cherchant l’horizontalité en moi dans la verticalité de ces espaces. Au contact de personnes, j’ai découvert, le chamanisme, la géomancie, la médecine traditionnelle de massage et partager la recherche de pierres avec des collectionneurs de sussok prés de rivières. Le monde est vaste et choisir un point de vue est ma manière de me glisser dans le monde. Il se déploie, se déplie en d’autres géographies invisibles, imaginées pris dans la fulgurance.
Note d’intention, Nathalie Savey
Deok Yeoung Gim
L’artiste présente une exposition intitulée Inside View qui constitue le prolongement de son Parasite Project, initié en 2008/2009. Cette exposition prendra la forme d’une oeuvre in situ réalisée au rez-de-chaussée de l’espace international du CEAAC.
De manière littérale, cette exposition dépeint les aspects invisibles qui sous-tendent tout espace.
Je pense souvent que les gens sont prisonniers du phénomène de surface, le seul visible à leurs yeux. À travers cette exposition, j’ai essayé de faire ressortir l’intérieur, la face cachée d’un espace et de révéler simultanément les traces laissées par le processus de préparation de l’exposition.
Ce processus se veut une part invisible, gommée par le résultat final. Il s’agit donc d’une sorte d’intérieur.
A crack is not a crack est une projection de fissure en époxyde qui nous présente une autre image de la pièce. De plus, elle révèle toutes les traces des erreurs effectuées pendant la production de la pièce. Après avoir projeté la brèche, la forme obtenue se retourne sur elle-même pour créer une image de falaise. En effet, la brèche et la falaise peuvent être regardées conjointement.
Toutes les deux sont créées par le mouvement géologique de la terre.
Search est une pièce qui met en lumière une fissure – difficilement remarquable – en introduisant une peinture de couleur différente à l’intérieur.
La dernière pièce est une installation nommée Fishing. Elle met en lumière l’acte de fragmentation et de lancement de la part d’ombre de l’espace. Il s’agit de donner l’impression de dessiner l’intérieur à l’extérieur d’un autre espace avec la force. Personnellement, j’ai aussi essayé de montrer la part invisible de moi-même comme un acte d’extraction.
Deok Yeoung Gim
à propos de son travail réalisé in situ à l’Espace international du CEAAC