Lauréate du programme d’échanges Strasbourg-Stuttgart en 2020, Bénédicte Lacorre présente une exposition-retour de résidences à l’Espace international du CEAAC.
« Le titre de cette série de photographies est issu de la chanson Anne cherchait l’amour, par Elli et Jacno. Cette chanson m’a accompagnée, comme une bande sonore, tout au long des prises de vue que j’ai effectuées à Stuttgart. Mes photographies constituent un corpus d’images que je manipule pour créer un poème visuel, à la manière d’un journal intime. J’ai traqué avec mes yeux et mon ventre des éléments formels et symboliques, comme pour déceler la charge sensuelle et évocatrice des choses qui m’entourent.
Composer avec la lumière, guetter ses reflets discrets et les surfaces qui la reçoive, les creux, la peau, le marbre, les fleurs, les troncs. Les objets et les choses qui m’attirent irrémédiablement, témoins d’une fable que je me raconte. Une histoire fragmentaire constituée d’images de mon désir. »
« Ma pratique de la photographie s’est toujours caractérisée par une certaine forme d’accumulation, qu’il s’agisse d’images glanées sur internet et dans des livres, ou bien de mes propres prises de vue. À la manière d’un journal (intime) visuel, je « documente » en quelque sorte mon quotidien par des images, à l’aide d’un appareil argentique ou bien de mon téléphone portable. Ces images viennent s’ajouter à une collection qui semble sans fin. Mes séries d’images naissent souvent de petites obsessions, de la traque de certains d’éléments formels et/ou symboliques, comme une façon de m’approprier le réel de façon purement subjective, pour y déceler la charge poétique, la plasticité des choses qui m’entourent. Mettre en lien ces images, ces fragments disparates, pour créer une forme de narration visuelle, parfois abstraite, évocatrice et changeante.
J’aime aussi faire des livres, souvent avec mes propres images, mais aussi avec des images collectées que je m’approprie. J’essaie d’avoir une réflexion poétique sur les choses. Je m’intéresse à l’intime, aux choses qui nous dépassent, je crois en notre besoin vital de mystère. Comme une fréquence en sourdine, la question du Temps est toujours présente quelque part dans mon travail. »
Notes de l’artiste, 2021