Le travail d’Ulla von Brandenburg se caractérise par une diversité de médiums – dessins, wall paintings, performances, films et installations – dans lesquels se croisent des références plus ou moins explicites à la magie, au carnaval, au théâtre mais aussi à l’Europe « fin de siècle », à la modernité et à la psychanalyse, impliquant le spectateur dans un rapport spatial et temporel mystérieux. Jouant avec les textures et les motifs, l’artiste adapte ses œuvres selon les contextes, pour créer des fictions oniriques, aptes à réveiller les spectres.
Pour Rose, deux œuvres sont associées renvoyant chacune à l’idée de cycle et de circularité. Dans la première salle, visible depuis la rue, Segel, 2012, un long pan de tissu multicolore se déroule du plafond jusqu’au sol. Le rouleau, comme en attente d’être complètement déployé, souligne le potentiel de continuité de ce tissu dont les couleurs symbolisent, pour l’artiste, la perspective dans la représentation d’un paysage romantique, de la terre au ciel. Derrière ce tissu, une entrée permet d’accéder à la seconde salle dans laquelle est projeté le film The Objects, 2009, évoquant le thème du tableau vivant tout en rejetant la présence humaine. Dans une lente progression, la caméra avance d’objet en objet s’animant à son approche. Suspendus à des fils comme des marionnettes, ces objets (un plateau de jeu d’échecs, une flûte, un éventail, un miroir, une boule de cristal, etc.) sont pour la plupart des accessoires ayant été utilisés par l’artiste dans des œuvres précédentes. Sans qu’aucune illusion ne soit produite, la mécanique du film est ainsi révélée à l’écran, laissant toutefois planer une aura hypnotique sur les liens tissés entre ces objets.