Né en 1970 à Bourges, vit et travaille à Bordeaux.
Pierre Filliquet est diplômé de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg en 1997. Son travail a été présenté en Europe et en Asie. Il utilise la photographie, le dessin et le film documentaire afin de questionner les relations multiples entre la nature végétale, animale et humaine ainsi que l’empreinte de l’homme sur le paysage. Dans sa pratique artistique, les représentations de l’espace urbain à travers le temps accordent une place privilégiée à la mémoire de la vie quotidienne.
« Mesurer l’impact des images spatiales sur l’imaginaire collectif est une opération délicate ; Pierre Filliquet part de l’hypothèse que cet impact est considérable. Son travail photographique actuel a le mérite de s’attacher à cette question et d’en sonder de manière frontale et méthodique les enjeux essentiels.
Ses photographies de plein air semblent, par exemple, correspondre en tous points aux archétypes du paysage. Leur indétermination apparente (et bien évidemment volontaire) suggère à première vue des promenades imaginaires dans la nature, avec des espaces illimités et des cieux immenses. Pour leur auteur, un lieu n’est pas un tableau noir sur lequel on écrit puis on efface des chiffres, des figures ou des lettres ; le tableau est indifférent aux indications qu’il reçoit. Un lieu, au contraire, a reçu l’empreinte d’un groupe. En ce sens, le paysage est avant tout le fruit de projets et de rêves collectifs ; il correspond à la manière dont le groupe l’a pensé, l’a ressenti, et ceci au plus près de la réalité. C’est, pour une collectivité, une question existentielle. Il suffit d’ailleurs de mesurer combien les habitudes locales résistent aux forces qui tendent à les transformer pour s’apercevoir à quel point la mémoire collective prend appui sur des images spatiales. Or celles-ci ont été imaginées, conçues, élaborées et transcrites à travers le filtre de la société des peintres, des poètes et, plus proches de nous, des photographes. Et c’est bien à travers ce filtre qu’inconsciemment nous voyons le monde. Nous ne le voyons pas tel qu’il est là, mais à travers le regard de ceux-là. L’image du paysage est construite par des personnes qui s’efforcent seulement d’en reproduire l’image qu’ils s’en font. »
Claude ROSSIGNOL, 2006