Un ensemble affectif
Mon travail demande une stable concentration, une concentration intuitive dans la recherche de la beauté. C’est une esthétique de la renonciation, tout est prémédité dans mon esprit avant la mise en oeuvre. Une appréhension limitée au service de la toile offrant à l’oeil un « plateau de non forme ».
Au regard, une présentation minimaliste mais à l’esprit un contenu riche, sensible, méditatif, à l’inverse du pur minimalisme intellectuel des années 60. À l’évidence de l’expressionnisme abstrait mais en résonance avec la nature lorsqu’elle est sereine et raisonnable. Cette recherche de la sérénité évoque la joie,l’innocence et la beauté à l’inverse du travail d’Ad Reinhardt qui évoque le coté sombre de la « dernière peinture ».
Pourtant à ce que l’on voit des leçons décadentes de notre société, la peinture pourrait se défaire elle aussi. Je pense que mon rôle de peintre n’est pas de m’immiscer dans les états politiques du monde mais d’essayer par optimisme de mettre en valeur ses valeurs positives et transcendantales (beauté, sagesse, bonheur, liberté…) La peinture doit être impédimenta pour se prémunir de la chute.
En toute chose gardons l’équilibre, restons en accord avec nous -même. Ce n’est pas une affaire de démonstration mais de se prouver à soi-même que notre esprit ne nous trompe pas.
Dans la forme pourquoi le carré?
C’est une forme sereine, parfaite. Peut-être un peu sévère et dure, le carré est commandeur.
Mais sans contrainte, il n’y a pas d’équilibre. Dans le signe pourquoi le cercle?
Le cercle set une entité autonome, c’est l’unique.
N’est-ce pas le reflet de l’état du monde? notre terre, notre univers.
N’est-ce pas le reflet de notre société? des hommes posées l’un à coté de l’autre parfois l’un avec l’autre.
N’est-ce pas le reflet de nous-même? nos cellules accolées, mouvantes constituant un tout unique et indissociable.
Gommons nos certitudes, il n’y a pas de chemin, il n’y a que des cheminements. C’est un ensemble affectif.
Michel Déjean, à propos de son travail actuel.