Dans sa série Pompei per tutti, Bianca Pedrina s’intéresse à l’itinéraire Pompéi Pour Tous, inauguré en 2016, qui rend une grande partie du site archéologique et touristique accessible aux personnes à mobilité réduite, ainsi qu’aux parents accompagnés d’une poussette. L’artiste propose ici une série de huit photographies documentaires présentant les aménagements posés au-dessus des rigoles de la chaussée, facilitant ainsi le passage des personnes. En redressant ces objets initialement horizontaux, foulés du pied, et a priori sans intérêt esthétique, Bianca Pedrina les transforme en motifs autonomes.
Le protocole de prise de vue – lumière neutre, cadrage resserré et identique pour chacune des photographies – rappelle celui mis en place par Bernd et Hilla Becher dans leurs Sculptures anonymes (1), qui définissaient leur photographie comme une “esthétique qui informe“. Bianca Pedrina se concentre ici sur l’intégration de plaques métalliques et de leurs grilles au pavage deux fois millénaires : les éléments normés et industrialisés sont ajustés à l’artisanale voierie antique avec une précision d’orfèvre. Deux photographies de la série redoublent d’ailleurs cette notion d’adaptation et épousent, en équerre, les coins de l’espace d’exposition où elles sont présentées.
Pompei per tutti offre plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation entre la comparaison des simples variations formelles d’une photographie à l’autre, les ponts qui s’établissent dans l’histoire et permettent autant l’accès physique qu’intellectuel, et enfin le questionnement du statut de la ruine, soumis ici aux exigences du tourisme de masse.
Bianca Pedrina est née en 1985 à Bâle (Suisse) où elle vit et travaille.