Réalisateur iranien de renommée internationale, Abbas Kiarostami a débuté sa carrière dans la publicité avant de consacrer ses premiers films, des courts-métrages pour la plupart, à l’éducation. Ses protagonistes étaient alors des enfants confrontés à des problèmes quotidiens (la peur d’un chien, un cahier abîmé, une punition à l’école…). Dans ces années 70, il tourne également des moyens métrages plus axés sur la fiction tout en maintenant un assez fortaspect documentaire (Le Passager, Le Costume de mariage). C’est vers la fin des années 80 que l’Europe découvre le cinéma d’Abbas Kiarostami. En 1987, Où est la maison de mon ami,premier volet d’une trilogie dite de « Koker » est sélectionné à Cannes et à Locarno. Ce film, tourné dans le nord de l’Iran, lança la carrière internationale du réalisateur qui revint dans les années suivantes régulièrement à Cannes où il remporta la Palme d’Or pour Le Goût de la cerise en 1997. Par la suite, Abbas Kiarostami se tourne vers des formes de plus en plus expérimentales, en filmant par exemple un film entier de l’intérieur d’une voiture (Ten) ou encore une assemblée de spectatrices regardant un film au cinéma (Shirin). Parallèlement à son activité de cinéaste, Kiarostami travaille dans nombre de domaines artistiques et il expose régulièrement dans les plus grands musées du monde (MOMA, Pompidou…). Depuis les années 2000, Kiarostami tourne aussi en dehors de l’Iran : en 2001, il réalise un documentaire en Ouganda (ABC Africa) puis deux films de fiction, l’un (Copie conforme, 2010) en Italie, l’autre (Like someone in love, 2012) au Japon.
Son œuvre, protéiforme, est celle d’un poète, peintre, photographe et cinéaste. Lors de sa venue toute récente à Strasbourg pour la sortie de Like Someone in Love, celui que beaucoup considèrent comme l’un des cinéastes contemporains les plus importants, au regard de son travail sur la forme cinématographique, rappelait, facétieux, qu’il se considérait d’abord comme photographe. Nous touchons là aux questions que son œuvre pose à l’image, et que l’on pourrait résumer en une série ouverte de couples en tension (cache/cadre, figuration/abstraction, clôture/ouverture,…), interrogeant autant le cinéma que la peinture ou la photographie. En outre, ces questions se cristallisent souvent en un motif paysager, à l’image du chemin à flanc de colline, que l’on retrouve dans les trois films qui composent la trilogie de Koker, ou des clichés saisissants du recueil Pluie et vent (Gallimard).