Giulio Paolini
Genius Loci
2001
Ensemble sculpté en résine
Parc de Pourtalès, Strasbourg
Un personnage aux traits réalistes, accroupi à côté d’une sphère, pointe du doigt un lieu sur une carte placée à même le sol. Cette carte se retrouve reproduite et installée plus loin, mais à une échelle moindre, sur laquelle sont placées sept petites sphères qui correspondent aux emplacements d’autres sculptures du parc. Non loin, une troisième carte plus petite encore, se voit vidée physiquement et symboliquement de son contenu. Enfin, une dernière carte finit par s’étioler en se disséminant parmi la végétation.
L’oeuvre fonctionne comme une narration poétique du lieu : celui-ci se retrouve décomposé et mis en abîme par un jeu d’échelle et de distance qui rythme l’ensemble de l’installation. Ce “génie du lieu” qui semblerait vouloir nous aider paraît plutôt semer le trouble. Les dimensions du plan s’amenuisent, la carte perd de son intérêt utilitaire.
“La terre même prend le dessus sur sa transcription cartographique” G.P.
De la même manière que les éléments visibles se réduisent, l’objet sculptural se disperse et se végétalise : les morceaux de plan ne sont finalement plus que des feuilles parmi les feuilles. La patine verdâtre propre au vieillissement du bronze ne fait qu’accélérer le processus, rendant plus perceptible la finesse langagière que provoque l’utilisation du mot « pianta » qui en italien signifie aussi bien la plante qu’un plan. Finalement cette répétition et cette décomposition successive au sein d’une même narration nous ramènent à la question majeure dans l’art, de l’un et du multiple, comme si le multiple ne pouvait conduire qu’au néant, l’oeuvre visible qu’à sa disparition. Le processus artistique de Giulio Paolini entre en correspondance avec notre propre processus mental animé par le désir “utopique” d’appréhender un espace dans sa globalité.