Depuis 1992, Dominique Petitgand réalise des pièces sonores. Des œuvres où les voix, les respirations, les bruits, les atmosphères musicales et les silences construisent, par le biais du montage, des micro-univers où l’ambiguïté subsiste en permanence entre un principe de réalité (l’enregistrement de la parole de gens qui parlent d’eux) et une projection dans des « des récits et paysages mentaux », des histoires en creux, en devenir, qui n’appartiennent qu’à l’auditeur. A partir d’enregistrements qu’il réalise prenant acte d’une parole, d’un état ou d’un manque, il joue de procédés de fragmentation, d’isolation et de répétition pour faire apparaître une succession d’images mentales. Ces assemblages sonores ouvrent alors un espace narratif où le flottement des identités, des lieux et des structures temporelles évoquent le mouvement même de la construction (mais aussi de la défection) de la mémoire, de la pensée.
L’utilisation exclusive du son le place par ailleurs dans un territoire mouvant « à la croisée de l’art, de la musique, de l’écriture, du montage et de la narration ». Si ses œuvres prennent la forme d’installations sonores pour lesquelles le dispositif de diffusion des sons est adapté aussi bien à la particularité de l’espace investi qu’au récit lui-même, elles peuvent aussi être diffusées sur disques ou au cours de séances d’écoute qui s’apparentent à des concerts dans l’obscurité. Chaque mode de diffusion offre alors une perception, une écoute particulière.
Dominique Petitgand a réalisé une œuvre spécifiquement pour l’exposition jouant avec les deux niveaux de l’espace du CEAAC : entrecoupée de silences, une voix circule dans l’espace d’exposition sans que l’on puisse saisir le sens de ses paroles.
Une séance d’écoute sera également programmée dans le temps de l’exposition.