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Sofia Durrieu

Avec Dancing Companion Sofia Durrieu propose une expérience participative : un appendice équivoque pend au bout d’un bras articulé et attend patiemment que l’envie nous prenne d’esquisser, en le saisissant, quelques pas de danse. Une playlist romantique, une atmosphère intime et mélancolique suggère qu’un rendez-vous galant a été pris. On pourrait voir ce dispositif comme substitut d’une relation humaine devenue facultative – la danse de couple, pratique sociale millénaire, se transforme en une activité solitaire et mécanisée. Dancing Companion fait ainsi écho aux injonctions sociales liées à l’amour et au couple, alors même que la solitude, dans nos comportements sociaux, tend à se généraliser. Sans être un refuge, cette œuvre appelle une attitude tendre envers soi-même, envers cette situation à la fois triste et comique. Sofia Durrieu, plutôt que de désigner une société coupable, nous propose des outils critiques permettant de déconstruire nos automatismes, de sonder nos habitudes inconscientes et d’observer en nous-même ce qui réagit au contact de ses dispositifs.

Huggable 2 – Relaxer se présente comme une sculpture à la géométrie anguleuse, empreinte d’une esthétique proche de l’architecture brutaliste. Le titre suggère une étreinte possible. Malgré son aspect abrupt et inhospitalier, la structure dont les surfaces sont recouvertes de moquette, a été pensée pour accueillir un corps et ses membres relâchés. Elle évoque ainsi les travaux de Le Corbusier et sa recherche du « Modulor », un rapport de proportion basé sur le nombre d’or, censé établir une harmonie entre architecture, mobilier et corps humain.

L’artiste accompagne sa sculpture d’un mode d’emploi, détaillant la façon de la pratiquer. L’oeuvre se révèle autant relaxante que rigide et peu commode, et place l’utilisateur dans une position pour le moins vulnérable : la tête basculée vers le sol, les fesses pointées vers le ciel. Cette reddition volontaire offre une expérience dynamique, entre engagement total dans la proposition de l’artiste et peur du ridicule.

Keyholder peut troubler : ce ne sont pas des trousseaux familiers que l’on voit accrochés par leurs anneaux respectifs à ce porte-clefs, mais trois “mains“. Sales, brunis, gonflés et pleins de crevasses, ces moulages en pâte morte ont quelque-chose de repoussant. Ils sont usés et semblent avoir vécu, accrochés là car n’ayant pas d’utilité hors des courts instants – à l’instar des clefs – où leur fonction est requise. Si nos clefs ouvrent les serrures de nos espaces domestiques ou privés, quelle serait la fonction de ces membres, figés dans une gestuelle a priori accueillante, évoquant peut-être la poignée de main qui, si elle n’est pas chargée d’hypocrisie et de fiel, ouvre généralement à la discussion et à l’échange ?

 

Sofia Durrieu est née en 1980 à Buenos Aires (Argentine). Elle vit et travaille entre Bâle et Buenos Aires.

Site web de Sofia Durrieu

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  Il ne faut pas en vouloir aux événements.