Les peintures de Petra Blocksdorf, dépourvues de titres, semblent bien fragiles. Elles sont exécutées grâce à la technique de la tempera à l’œuf, qui leur donne cet aspect doux et peu éclatant. Brossées avec simplicité, dans des tonalités bleues-grises, ses toiles figurent des fragments de végétaux, indéfinis et vagues, découpés par des cadrages resserrés. Mauvaises herbes, troncs d’arbres livides, ces motifs, souvent ambigus et situés parfois dans un « état intermédiaire » entre végétal et animal, traitent de l’infime, du détail. Contrairement aux herbiers et autres planches botaniques, ils ne véhiculent aucune connaissance scientifique.
Cueillis au hasard des promenades réelles ou imaginaires de l’artiste, ils se muent en une exploration picturale et embrassent l’énergie de la plante : sa croissance, ses ramifications, mais aussi sa vulnérabilité et son impermanence.
Ces êtres anonymes, privés de contexte, semblent égarés et silencieux. Le flou et le refus de précision qui les caractérisent, flirtant avec les frontières de l’abstraction, ouvrent des interstices propices à l’évocation énigmatique, à l’émotion pudique. Une véritable empathie semble alors se nouer avec ce vivant réservé, caché, chétif mais insaisissable, hermétique à toute autorité.
Petra Blocksdorf est née en 1955 à Berlin (Allemagne). Elle vit et travaille à Fribourg-en-Brisgau.