Prix de la ville de Mulhouse et du Conseil Général du Haut-Rhin, 2001
Né en 1972 à Colmar
Vit et travaille à Strasbourg
L’une des singularités les plus apparentes de la démarche de Matthieu Husser est de lier étroitement la peinture et la pratique de l’installation dans l’interprétation artistique qu’il propose de la dynamique matérielle des villes.
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Alors que dans cette oeuvre réalisée à Mulhouse, la peinture opérait à la manière d’un révélateur du temps (ainsi que le faisaient les moulages restituant les dernières attitudes des victimes du Vésuve à Pompeï ), elle apparaît cette fois simultanément comme une exploration de l’espace et une auto-représentation d’elle-même dans une série d’oeuvres faites lors d’un séjour de plusieurs mois à Berlin.
Frappé par les importants travaux de rénovation urbaine consécutifs à la chute du Mur, Matthieu Husser réalisa à partir de plans de cette ville des tableaux, d’une tonalité de fond délibérément terne et sombre, sur lesquels il reporta aux emplacements exacts d’un certain nombre d’édifices les couleurs utilisées pour la restauration de leurs façades. En faisant de la peinture industrielle un motif artistique, Matthieu Husser – qui a travaillé autrefois comme peintre en bâtiment – considère implicitement la ville comme une scène de la couleur et, en étant, à tous les sens de cette expression, une peinture de la peinture, ses tableaux s’avèrent en même temps être les seuls lieux où les surgissements aléatoires de la couleur dans une zone étendue et au cours d’une période de temps déterminée puissent être embrassés simultanément et en un coup d’oeil.
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Il est significatif d’une expérience intimement ressentie de l’espace que cette attention portée sur le vide amène Matthieu Husser à concevoir des pièces de plus grandes dimensions, réagissant de ce fait plus fortement avec la taille (et l’environnement) du spectateur.
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Dans son originalité, la démarche de Matthieu Husser semblerait donc répondre à une certaine urgence relative à des » points aveugles » de notre expérience de l’espace urbain, laquelle, généralement préoccupée de bâtiments envisagés isolément pour leur fonction ou d’itinéraires de circulation, laisse dans l’ombre les effets sur notre sensibilité d’une matérialité de la ville saisie à un niveau cette fois plus global: la distribution et les récurrences de la couleur sur les surfaces, la sculpture de l’air libre par l’architecture et l’agencement urbanistique. »
Paul Guérin & Lionel Van der Gucht, 2000