« Mon travail s’articule autour des notions de trace et de mémoire, ce que j’appelle le fantôme réel, soit une réflexion picturale autour de ce qu’il reste d’une existence ou d’un événement. Chaque trace laissée sous quelque forme que ce soit est un indice précieux qui nous permet de se faire une image plus ou moins précise de ce qui a pu se produire. Ma démarche est avant tout observatrice : je collecte, je contemple, je photographie chaque détail qui me touche, qui pourrait par sa seule présence raconter une histoire. Je veux faire parler les objets morts, leur donner de la voix là où justement leur utilité s’est évanouie.
Tout ce que nous touchons, tout ce qui nous entoure est un prolongement de notre propre corps ; le paysage, les bâtiments, les objets sont des extensions. On pourrait dire qu’ils sont les organes inorganiques de notre existence et témoignent ainsi de notre vécu après même notre disparition.
C’est principalement au travers de la photographie argentique que je construis mon travail, je la vois comme un spectre, un instant qui n’apparaîtra plus jamais, le fameux « ça a été » de Roland Barthes. Elle est une apparition, créée par la lumière qui devient image, elle se matérialise. Cette idée de matière persiste également au travers d’autres expérimentations dessinées, installées car c’est bien la matière qui est marquée par le temps, grâce à quoi on peut deviner les traces et les faire parler.
Ma recherche, à la fois archéologique, artistique et matiériste se veut l’interprète d’un certain passé, le mien, celui des autres. On ne peut construire un « après » sans connaître l’ « avant ». Nous déambulons dans un monde jonché de stigmates qui contribuent à nous façonner. »
Propos de l’artiste
Née en 1988, Hélène Thiennot vit à Lingolsheim.