Prix de la Ville de Mulhouse et du Conseil Général du Haut-Rhin,1999
Artiste plasticienne née à Schloss Grubenhagen (Allemagne)
Fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Munich
Enseigne à l’Ecole Supérieure d’Art de Mulhouse
Vit et travaille en France depuis 1973
Professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Mulhouse, Gudrun Von Maltzan partage son activité artistique entre la scénographie – en particulier dans le domaine du théâtre musical avec Georges Aperghis – et une création plastique qui noue une relation originale entre la peinture et la photographie.
En effet, dès ses études artistiques, la peinture lui semblait représenter une certaine « image » de l’art non point « dépassée » mais au regard de laquelle son expérience personnelle de la vie, sa motivation créatrice ne pouvaient s’inscrire sans quelque décalage.
Tout comme le travail pour le théâtre est une expérience concrète de collaboration entre des arts aboutissant à une forme originale sous-tendue par un récit, les images de Gudrun Von Maltzan mettent simultanément en oeuvre, les techniques de la gravure, du dessin, de l’assemblage, de la photographie et s’organisent chaque fois autour d’un thème pour former des petites histoires aux titres empreints d’humour.
L’humour, comme attitude active, comme vivacité de jeu avec les données de la vie, du réel, de l’art, est en effet le nerf de la discrète complexité de ses travaux. Il est sensible dès le trait et la composition de ses dessins qui mêlent le fantastique, les contes de fées à ses souvenirs d’enfance ou de villégiature, dans l’assemblage d’une architecture de sucre à une carte postale exotique de l' »hommage à Pierre Loti », dans la rencontre – forcée par une peinture quasi-enfantine – de Mickey et du Petit chaperon rouge au fil d’un roman-photo criminel.
Les oeuvres de Gudrun Von Maltzan fonctionnent comme les scènes de telles relations imprévues et sont les lieux où, à cette fin, s’intriquent dans un esprit assez iconoclaste, différentes techniques : la greffe, peinte, d’un profil humain au pelage d’un singe ; le dégagement, sous un mode proche de celui de la gravure, de silhouettes d’animaux par grattage de diapositives reproduisant des peintures anciennes ; des rehauts de couleur ou l’ajout d’une figure esquissée sur des images de vedettes ou de tableaux, combinés au grattage du même support translucide.
La dernière de ces opérations, le tirage – agrandi aux formats de tableaux – de ces épreuves photo-plastiques, efface le caractère hétéroclite de ces procédures artistiques dans le rendu homogène d’une image à l’instar de la représentation théâtrale qui fond dans son unité scénique les états succéssifs du travail et la multiciplicité des corps de métiers nécessaires à son élaboration. L’art de Gudrun Von Maltzan n’aurait donc refusé initialement la pratique de la peinture que pour en produire le simulacre, la représentation et, par la diversité de ses inventions techniques, l’ambiguïté de ses histoires, s’en faire finalement le théâtre.