Pontoreau, arpenteur de l’imaginaire
Il n’y a pas, chez Daniel Pontoreau d’objets d’art, tels que la sculpture les a longtemps privilégiés, s’y bornant. Art, artiste, les mots conviennent mal à cette œuvre forte et singulière. Comment désigner l’auteur ? Céramiste ? – c’est la limiter à son matériau primitif. Architecte ? – pas de bâtiment où s’abriter sur les étendues qu’il définit et jalonne. Poète des « lieux intérieurs » ? (ce fut un de ses titres), mais en pensant au sens premier du mot poète, celui qui fait, qui fait exister ce qu’il imagine sans en avoir l’idée.
Sur quels territoires ? On revient à la terre. La terre maniée et la terre parcourue par cet insatiable voyageur à suivre dans son inventaire, à jamais inachevé, de lieux inconnus. Au désir répond l’acte, qui ouvre l’espace où son objet prend forme. Cette forme doit tout à l’écart des choses entre elles et à leur rencontre (figure, dimensions, consistance, matière…)
Terre, bois, plaques de métal, fils, miroirs entrent dans la construction des objets « bêtes » selon un mot de Pontoreau. Il écrit aussi : « Comme Henri Michaux, je voudrais pouvoir dessiner les effluves qui circulent entre les personnes. Je m’intéresse aux concepts, aux signes, qui peuvent être perçus par les hommes de toutes les cultures. Il y a un langage des formes qui parle à tous. » On ne saurait mieux dire que ne dit cet arpenteur de l’imaginaire.
Georges Raillard, janvier 2014