La plupart de mes dessins sont créés pendant que je voyage. Ils comprennent des croquis de paysages et de scènes dont j’ai été témoin à certains endroits. Mes œuvres sont des représentations du monde qui m’entoure. Je ne suis pas intéressée par les grands formats, mais travaille plutôt sur le principe de la création de modèles: certains aspects sont laissés de côté, d’autres ne sont pas entièrement formulés. Je crée plutôt une concentration par omission et réduction.
Les histoires derrière mes œuvres proviennent de mes propres expériences. Ce sont des expériences spécifiques à un lieu, où le temps et l’espace sont compressés dans une certaine narration.
Tout comme les haïkus, mes œuvres se réduisent elles-mêmes dans un processus paradoxal d’abstraction; mais à son tour, cela apporte des éclaircissements. Les événements sont raccourcis, et de cette façon deviennent compréhensibles et concrets.
En laissant passer du temps après avoir vécu quelque chose, je traite ensuite mes impressions relativement rapidement. Par conséquent, mon travail se déploie très souvent en séries: des images ou des structures qui se complètent et appartiennent les unes aux autres, agglomérées juxtaposées, qui peuvent être parcourues ou inspectées.
Comme je me limite à quelques éléments seulement, les matériaux et les couleurs fonctionnent ensemble sans heurts. L’arrangement provisoire joue ici un rôle important: il représente la chance d’une continuité offerte au spectateur, qui me fascine. Le spectateur est en mesure d’utiliser sa faculté à compléter quelque chose et à remplir le vide avec ses propres idées. L’arrangement provisoire, qui se manifeste dans l’utilisation des matériaux tels que le ruban adhésif plutôt que des fixations plus durables, souligne le fragile et l’éphémère dans mon travail. Les situations de changement m’intéressent, et non les piliers solides de notre monde. La concision plutôt que les longs discours. Ces aspects de la vie où quelque chose s’étend dans plus qu’une direction.