Les Arbrorigènes
Ernest Pignon Ernest
1988
Microalgues, mousse de polyuréthane
Hauteur 180 cm
Parc de Pourtalès – Strasbourg
À demi camouflés l’été dans l’épaisseur végétale, ces figures sont d’autant plus difficiles à apercevoir qu’elles font corps avec la nature. Leur épiderme étant végétal, de fait, ces sculptures épousent les couleurs du lieu environnant par mimétisme. Il s’agit là d’une véritable découverte, une prouesse d’esthétisme et de sophistication naturelle à laquelle le spectateur est convié.
La démarche artistique de l’artiste se situe peut-être au-delà d’une contribution personnelle à un courant littéraire et artistique existant depuis l’Antiquité qui associe dans un rapport symbolique voire fantastique l’humain et le végétal, par transformation ou hybridation, à la manière d’Ovide dans les Métamorphoses. En effet, Ernest Pignon Ernest a voulu fixer poétiquement la photosynthèse elle-même, ce processus complexe essentiel à toute vie végétale ou humaine qui transforme la lumière solaire en énergie chimique
“Je saisis et j’offre un phénomène de la nature en action”
Ces sculptures végétales anthropomorphes suivent dès lors le cours du temps. Le jour, les arbrorigènes produisent de l’oxygène par l’intermédiaire de la chlorophylle, à partir de microalgues déposées sur une mousse de polyuréthane qui constitue le corps charnel de chaque arbrorigène, selon un dispositif élaboré avec l’aide précieuse du scientifique Claude Gudin. La nuit, ils respirent comme n’importe quel humain en absorbant de l’oxygène et en rejetant du gaz carbonique : à la manière d’un Pygmalion, l’artiste est parvenu à insuffler la vie à ses sculptures. Ernest Pignon-Ernest parvient à conjuguer la rigueur d’une performance biologique à la justesse du geste artistique.