> Née en 1968 à Dinan (Bretagne)
Vit et travaille à Paris
Depuis trente ans, à travers nombres et fonctions géométriques, Anne-Sarah Le Meur explore l’espace plastique virtuel. Formée d’abord en mathématiques mais amoureuse de la peinture, persuadée que la radicalisation du processus de création de l’image 3D révélera son esthétique propre, opiniâtre, elle teste les paramètres, les fait varier, et observe les phénomènes engendrés, cherchant l’inattendu.
Etudiante en Arts et Technologies de l’Image de l’Université Paris 8, elle découvre l’aspect filaire, joliment troué et fragile, du premier affichage des modèles 3D, et la capacité de la texture à étirer et tordre les pixels (point élémentaire visuel). Sa première période présente alors des images de plus en plus chargées, riches en formes onduleuses, en matières fibreuses, organiques, voire tactiles, et révélant le processus d’affichage sous-jacent. Par des tableaux de variations, elle anime ses surfaces en des mouvements fluides et circulaires. Les éléments se superposent, cassant la perspective unique de l’espace 3D habituel. Imperfections, irrégularités, trous, désordre, ambivalence, sensualité… Le Meur cherche par tous les moyens à subvertir l’esthétique 3D, généralement froide, qu’elle n’aime pas. Elle en arrive à aplanir paradoxalement l’espace tridimensionnel en une surface ouverte, face à l’écran, valorisant ainsi la couleur et la matière sur la forme ou le volume.
Une fois son diplôme d’arts plastiques en poche, elle s’oriente vers un ambitieux projet d’installation interactive autour de l’obscurité et de la lumière, visant à expérimenter le regard. Interface-Z, deux étudiants en informatique puis Le Cube (Issy-les-Moulineaux) et Didier Bouchon l’aident à construire son environnement de travail. Par esprit de contradiction et d’expérimentation, elle ose un jour inverser un paramètre de l’objet lumière (1 devient -1). Quelle surprise : la lumière s’inverse aussi… et devient noire !! Euréka ! Tout autant fascinée, troublée qu’émerveillée, l’artiste sait avoir trouvé quelque chose. Au fil des ans, diverses pièces naissent : la première, Œil-océan (2007), servira de matrice pour les autres, œuvres génératives et performances. Toutes présentent une surface ondulante où deux lumières antagonistes évoluent, s’animent, se marient, se mêlent en un ballet continuel de lentes et caressantes métamorphoses. Outre-ronde, l’installation interactive cylindrique, prendra quasiment 15 ans. Anne-Sarah Le Meur continue ensuite d’ausculter cet espace 3D si étrange, passant de deux à trois lumières, aux valeurs bientôt très contrastées. En 2018, le fond change drastiquement : le noir cède au rouge puis au rose… teintes plus claires complexifiant les sensations spatiales et interactions colorées.
Ainsi, par le biais des purs nombres et fonctions, l’image de synthèse offre un terrain de jeu infini pour explorer et plonger dans les rapports de couleurs, mélanges subtils de lumière et d’ombre, de mathématiques et de peinture continuée.