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Guillaume Leblon

Les œuvres de Guillaume Leblon dessinent des paysages instables traversés par des phénomènes de submersion, d’enfouissement ou de disparition. Son travail semble vouloir montrer les traces de ce qui a résisté au passage du temps et c’est peut-être pour cette raison que la plus grande partie de ses œuvres possède une certaine précarité, comme si leur état actuel était l’enregistrement d’un moment qui, par nature, ne durera pas éternellement. Oscillant entre reconnaissance d’une forme familière et résistance à l’élaboration d’une signification définie, ses travaux entretiennent ainsi avec le spectateur un rapport ambivalent.

L’œuvre présentée dans l’exposition joue reproduit à taille réelle l’arbre communément utilisé dans les maquettes d’architecture. L’assemblage des branches au tronc peint en gris foncé, le feuillage artificiel lui aussi recouvert de peinture allant du gris-noir jusqu’au blanc ne cherchent toutefois pas tant à mimer un arbre existant et reconnaissable que de donner à cette sculpture une allure d’arbre. Suspendue à 10 cm du sol, elle prend ici possession de l’espace et se manifeste comme un artifice, une contre-nature, une image ou un souvenir qui aurait absorbé son modèle.

Selon l’artiste, « L’arbre interroge la réception de l’œuvre comme image. L’œuvre présentée est son propre document, sa représentation. Elle tient donc le spectateur à distance car ce qui est à considérer est bien l’ensemble formant image et non pas les détails qui sont bien souvent déceptifs. Le traitement de l’arbre et son dispositif déracine l’objet du lieu et le bascule dans l’image où s’introduit la fiction. Le choix du feuillage Ginkgo a été motivé par son histoire singulière. Le Ginkgo est considéré comme un fossile vivant, c’est-à-dire que depuis 250 millions d’années il n’a jamais muté. Il est aussi le seul végétal à avoir re-bourgeonné après la bombe d’Hiroshima. De même qu’aujourd’hui des recherches sont engagées pour extraire une substance des feuilles qui pourrait prévenir la maladie d’Alzheimer. C’est cet aller-retour sur la mémoire qui m’a intéressé, d’un côté témoin de l’histoire et de l’autre régénérateur de la mémoire. »

Exposition(s) en lien :

  Ernesto